These thoughts from D. Proulx:
J’aimerais attirer l’attention des corbiniens sur la « Préface »
écrite par Corbin dans Hermès III (1939). Plusieurs se demandent ce que Corbin
pensait de son temps, il rappelle certes avec insistance que l’on est d’abord son
temps propre, moins que l’on est de son temps ; mais cela n’a
fait qu’induire chez certains chercheurs la naissance de soupçons vicieux. Je
pense particulièrement à Wasserstrom. Qu’est-ce que Corbin pensait de la
période précédent l’éclatement de la Deuxième Guerre mondiale ? Justement,
dans cette « préface » les premier et dernier paragraphes, que nous reproduisons
ci-dessous, donnent des indications éclairantes à ce sujet et rappelle l’actualité
indéniable du projet philosophique de Henry Corbin en ces temps de
sécularisation individualiste et néolibérale.
« La composition de ce cahier a été projetée et réalisée en
un temps qui figurera sans doute comme ayant été le temps de la crainte, mais
qui pour quelques-uns du moins aura été le temps du refus. Le refus des
ténèbres, du glissement dans le gouffre, où devrait s’abîmer, comme un souci
dérisoire au regard de l’universel Anéantir, le souci d’évoquer de pures formes
spirituelles. Plus que jamais, nous sommes persuadés de l’éminente actualité de
cahier si inactuel.
[…]
Que l’on se rappelle les terribles invasions mongoles en
Proche-Orient, à l’époque même où écrivaient et méditaient quelques-uns des
personnages représentés ou évoqués ici. Dans la tempête qui secoue notre
Europe, que cela nous conduise à assurer, comme eux-mêmes l’ont assurée jadis,
la persistance des motifs spirituels par lesquels seuls, à travers et contre
toutes les crises, l’homme trouve son chemin vers la Lumière, vers l’Unique.
Paris. Octobre 1939. Henry Corbin »
Henry Corbin, « Préface », dans Hermès, vol.
3, novembre 1939, p. 5-6.
Daniel Proulx
Doctorant de philosophie
Université Catholique de Louvain
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